Piscine: expertise indépendante

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Piscine: expertise indépendante

Centre Nautique de Maurepas

Maurepas dynamique et solidaire tient à remercier chaleureusement l'expert des structures pour l'analyse des audits de notre piscine. Nous sommes heureux d'avoir pu bénéficer du regard d'une personne reconnue en France et dans le monde pour son expertise des bâtiments.

 


Le centre nautique de Maurepas a été fermé au Public sur décision de Monsieur le Maire de Maurepas par souci de sécurité vis-à-vis des citoyens de Maurepas. Cette décision s’appuie sur deux rapports, qui m’ont été transmis par les Elus :

 

· Le rapport du Bureau Veritas Agence de Montigny le Bretonneux du 03-04-2015
(rapport A).

 

· Le rapport de QCS Services Département AUDIT et Assistance technique du 28-04-
2015 (rapport B).

 

A la demande des Elus d’opposition de la commune, et à la lumière de ces récents
diagnostics portant sur l’état des structures du Centre Nautique, je me permets de porter un avis sur le risque réel vis-à-vis de la sécurité des personnes.


Mon expérience sur des contentieux de désordres concernant la durabilité des structures
(incluant différents processus de corrosion ) accumulée lors de mon activité professionnelle dans le Bureau d’études d’un grand groupe de construction sur des ouvrages très divers comme des viaducs ferroviaires ou routiers, des stades, des centrales nucléaires, m’autorise à émettre un avis sur les rapports présentés.


J’ai aussi été amené lors de réponses à des appels d’offres à définir des programmes de maintenance et la périodicité des interventions sur la rénovation des différents corps d’état.


Je joins également mes CV.


1 Analyse structurelle (rapports A et B)


En page 5/39, le rapport montre la photo d’un assemblage avec « détérioration importante:
forte corrosion foisonnante : effeuillage des profilés métalliques. Importante perte de section
d’acier » (Photo R1).


Il est exact qu’une amorce de corrosion est là. Mais connaissant les phénomènes de
corrosion de l’acier toujours très spectaculaires, ils sont alarmants pour les non-spécialistes.
Pour les spécialistes ils alertent et c’est plutôt rassurant. Les zones peintes encore visibles
montrent que l’on est encore au début du processus.


Il faut revenir aux mécanismes physico-chimiques de l’oxydation (corrosion) de l’acier
Quelques informations concernant les mécanismes de corrosion:


· L’oxydation de l’acier (du fer inclus) est en milieu confiné, sans éléments corrosifs
autres que les apports de l’atmosphère des bassins. C’un processus très lent qui se
manifeste par des désordres de la protection (cloquage des couches de peinture).


· La corrosivité de l’eau d’un centre nautique avec des traces d’hypochlorite de
sodium (désinfectant), est nettement moins agressive que l’eau de mer. Ces agents
agressifs sont trop denses pour s’évaporer (Ions Cl-). On est donc dans une
atmosphère saturée de vapeur d’eau sans changements d’état fréquents
(température stable jour/nuit). A titre de comparaison, on est loin des phénomènes
de corrosion de navires ou autres structures à la mer soumises aux embruns.


· Les mécanismes de formation de la rouille (oxydation incomplète du fer, ions Fe++ )
sont très lents. Les interventions de maintenance : mise en peinture, réfections
diverses peuvent être programmées avec étalement dans le temps sans gêne pour
l’exploitation.


· La rouille d’un point de vue des propriétés physiques est très particulière : le volume
de l’acier corrodé est multiplié par 9 avec une très forte énergie mécanique pouvant
faire éclater les meilleurs bétons. Ici la peinture cloque et se délite.


· La perte de section vient très tardivement après une longue période de corrosion
entretenue. Ici la perte de section n’est absolument pas documentée. Certes la
photographie montre clairement la peinture disparue localement mais les sections
disparues sont infimes. On est très loin des « 1 ou 2 millimètres donnés dans le
rapport » photoR3. Cette conclusion ne s’appuie sur aucun élément : il existe des
procédés utilisés dans l’industrie pour déterminer ces pertes de section de ces zones
rouillées (comme la gammagraphie). Ici les pertes de section sont négligeables.
Le rapport du Bureau Veritas (rapport A page 15/30) se contente de soulever le désordre
concernant les cornières de contreventement (éléments secondaires : non porteurs) de la
couverture. Les épaisseurs initiales ne sont pas documentées. Elles sont supposées, de là à
tirer des conclusions? J’explique l’infondé de cette démarche :


« Nous avons examiné l’épaisseur des cornières 5X5cm, profilés pour le contreventement du
bâtiment, en utilisant le MG45. Nous avons relevé les épaisseurs suivantes :
N° Epaisseur (5mm)
1 5,3
2 5,7
3 5,1
Moyenne : 5,37mm


En supposant qu’il s’agit du profilé normalisé CAE 50x8 mm, la différence d’épaisseur est
donc d’en moyenne : -2,63mm.


Les capacités portantes du profilé ont donc diminué de 33%, équivalent à peu près aux
marges de sécurité. »

Il est déduit une perte de 2.63mm par rapport à des cornières « supposées » de 50x50x8.
33% de la section, c’est une corrosion théorique et non réelle, cela fait très peur.


La supposition de l’épaisseur de 8mm des cornières est probablement fausse car les
épaisseurs des profilés normalisés excèdent rarement le 1/10 des dimensions hors tout
(pour des raisons de fabrication), cela donnerait ici 5mm : 50X50X5. En effet on peut
constater que ce profilé n’existe pas dans les catalogues de produits normalisés, à moins
bien sûr d’une commande spéciale pour le centre Nautique de Maurepas !


Pour une cornière de 50x50x5 (le plus courant), on trouve des tolérances de fabrication au
laminage qui peuvent être en excès de quelques 1/10e de mm. Ici il a été relevé une
épaisseur de 5.37mm il n’y a donc aucune perte de section due à la corrosion.

Les rapports, donnent des conclusions hâtives et à charge sur les structures, donc sur la
sécurité du public. D’autre part, ils sont très exhaustifs sur les désordres concernant le
second oeuvre :
Le rapport A fournit beaucoup de détails expliquant le mauvais état de la couverture et des
façades, on peut citer successivement :


· Fuites de l’étanchéité, initiées par des fissures de celle-ci.

· Présence de végétaux divers en couverture et en façade.

· Infiltrations, provoquant des désordres dans l’isolation thermique du
faux plafond.

· Défauts d’étanchéité en rive d’ouvrage.

· Défauts au voisinage des relevés d’étanchéité des puits de lumière.

 

Je peux conclure de l’état déplorable de l’étanchéité voir photo 18 du rapport B qui
montre la fissuration de l’étanchéité avec apparition de végétation.

Notons qu’une étanchéité avec des produits bitumineux exposés aux rayons ultraviolets
a une durée de vie limitée (généralement une trentaine d’année maximum). En
effet les chaînes carbonées des bitumes sont peu à peu détruites par les rayons
solaires, celles-ci perdent très progressivement leur élasticité en devenant cassantes.

Les désordres de l’étanchéité sont probablement la cause des amorces de corrosion
répertoriés avec soin dans les rapports.


2 Recommandations.


Cet ouvrage n’est pas en fin de vie. Les désordres structuraux ne sont pas préoccupants. Par contre cet ouvrage nécessite une urgente phase de maintenance avec travaux de réhabilitation. On peut définir le programme suivant.


1. Réfection de l’étanchéité suivant DTU.
2. Entretien de la charpente : inspection (sérieuse) des assemblages soudures,
boulons, raidisseurs.
3. Sablage complet et mise en peinture (couche de protection anticorrosion et
deux couches de peinture époxydique). Protection anticorrosion par
déshumidification de l’espace entre le faux plafond et la toiture (allège les
travaux de peinture). Mise aux normes suivant l’ACQPA (Association pour la
Certification et la Qualification en Peinture Anticorrosion).
4. Rénovation de la ventilation et climatisation.
5. Rénovation du faux plafond.
6. Rénovation des huisseries en particulier la façade ouest.
7. Locaux secondaires : entretien et mise aux normes actuelles. La mini-fissuration
d’une maçonnerie n’est en rien alarmante.
8. Définition d’un manuel d’inspection et de maintenance. Notons que les
structures font partie de cette inspection. Si les assemblages et boulons sont
inspectés régulièrement, l’ouvrage pourra retrouver une durée de vie
comparable à un ouvrage neuf.

 

3 Conlusion.

 

Notons-le manque de professionnalisme de ces rapports sur les aspects structuraux.

La  décision de fermer l'ouvrage repose sur un avis à charge du rapport B sans aucune justification quantitative des affirmations qui montrent une méconnaissance de la durabilité des constructions.

Il est de la responsabilité d'un Maître d'Ouvrage Public de s'assurer que le respect la sécurité des personnes s'appuie sur des faits objectifs.

Les services de l'Etat possèdent les compétences pour ces investigations détaillées, comme par exemple CSTB (Centre scientifique et technique du bâtiment).

Il pourrait être envisagé un recours sur des décisions provenant de rapports d'expertise insuffisants.

Il n'est pas nécessaire de fermer l'établissement pour effectuer la réhabilitation de l'ouvrage. Il est classique d'organiser un programme par tranches, compatible avec l'exploitation du bâtiment.

Le laisser dans l'état, fermé, accentue la corrosion plus généralement les dégradations à cause de l'exposition de la structure aux variations diurnes et climatiques (température, hygrométrie).

 

16 juin 2015

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